Quimporte : elle reste vivifiante. L’Histoire s’y reflète. L’énergie d’un homme la porte et l’offre. Elle a de plus un goût de lucidité politique : par exemple, en 1936-1937, à propos de Doriot dont Bernanos voit très bien qu’on va finir par lui « confier les destinées de la Patrie ». Ce n’est pas qu’il soitGeorges Bernanos n’en finit pas de bouleverser. Assurément un des écrivains catholiques les plus marquants du XXe siècle, il est à l’origine de grands classiques tels que Sous le Soleil de Satan 1926, Dialogue des carmélites 1949, La France contre les robots 1947 ou encore Journal d’un curé de campagne 1936. Mais son œuvre fourmille également de nombreuses perles et réflexions sur la foi et la spiritualité. En 1947, à l’occasion de la Toussaint, c’est sûr nos amis les saints » que l’écrivain a décidé de s’exprimer. Nos amis les saints… Ces grandes destinées échappent, plus que toutes les autres, à n’importe quel déterminisme elles rayonnent, elles resplendissent d’une éclatante liberté », écrit-il. Mais ils ne sont pas pour autant des surhommes et des surfemmes. Ils sont les plus humains des plus humains », rappelle-t-il. Parce que chacun est appelé à la sainteté ici et maintenant, tel qu’il est et là où il est, il peut être bon de commencer par relire cet extrait de Georges Bernanos pour nous stimuler sur ce chemin !L’Église est une maison de famille, une maison paternelle, et il y a toujours du désordre dans ces maisons-là, les chaises ont parfois un pied de moins, les tables sont tachées d’encre, et les pots de confitures se vident tout seuls dans les armoires… La maison de Dieu est une maison d’hommes et non de surhommes. Les chrétiens ne sont pas des surhommes. Les saints pas davantage, ou moins encore, puisqu’ils sont les plus humains des humains. Les saints ne sont pas sublimes, ils n’ont pas besoin du sublime, c’est le sublime qui aurait plutôt besoin d’eux. Les saints ne sont pas des héros, à la manière des héros de Plutarque. Un héros nous donne l’illusion de dépasser l’humanité, le saint ne la dépasse pas, il l’assume, il s’efforce de la réaliser le mieux possible, comprenez-vous la différence ? Il s’efforce d’approcher le plus près possible de son modèle Jésus-Christ, c’est-à-dire de Celui qui a été parfaitement homme, avec une simplicité parfaite, au point, précisément, de déconcerter les héros en rassurant les autres, car le Christ n’est pas mort seulement pour les héros, il est mort aussi pour les lâches. […] le Christ veut bien ouvrir à ses martyrs la voie glorieuse d’un trépas sans peur, mais il veut aussi précéder chacun de nous dans les ténèbres de l’angoisse mortelle. La main ferme, impavide, peut au dernier pas chercher appui sur son épaule, mais la main qui tremble est sûre de rencontrer la sienne […] Nous sommes créés à l’image et à la ressemblance de Dieu, parce que nous sommes capables d’aimer. Les saints ont le génie de l’amour. Oh ! remarquez-le, il n’en est pas de ce génie-là comme de celui de l’artiste, par exemple, qui est le privilège d’un très petit nombre. Il serait plus exact de dire que le saint est l’homme qui sait trouver en lui, faire jaillir des profondeurs de son être, l’eau dont le Christ parlait à la Samaritaine Ceux qui en boivent n’ont jamais soif… » Elle est là en chacun de nous, la citerne profonde ouverte sous le ciel. Sans doute, la surface en est encombrée de débris, de branches brisées, de feuilles mortes, d’où monte une odeur de mort. Sur elle brille une sorte de lumière froide et dure, qui est celle de l’intelligence raisonneuse. Mais au-dessous de cette couche malsaine, l’eau est tout de suite si limpide et si pure ! Encore un peu plus profond, et l’âme se retrouve dans son élément natal, infiniment plus pur que l’eau la plus pure, cette lumière incréée qui baigne la création tout entière – en Lui était la Vie, et la Vie était la lumière des hommes – in ipso Vita erat et Vita erat lux hominum. Statistiquesde téléchargement Ebooks L&G. Votre aide financière est bienvenue. Nous sommes tous des bénévoles, notre credo est la culture libre et gratuite, mais nous devons payer l'hébergement du site, les logiciels nécessaires pour élaborer les ebooks, parfois les livres que nous scannons, etc. Et vous avez remarqué l'absence totale de publicité sur le site
Quatrième République Prologue Idéologie et politique Les commentaires sont allégés, les coupes signalées … Retrouvez l’intégralité dans nos Chroniques de l’Histoire en citations. Il faut refaire des hommes libres. »2831 1888-1948, La Liberté pour quoi faire ? 1946 … Ce catholique engagé, qui refusera tous les postes et tous les honneurs pour rester libre, précise Je n’entends nullement opposer le capitalisme au marxisme […] deux symptômes d’une même civilisation de la matière […] Le libéralisme capitaliste, comme le collectivisme marxiste, fait de l’homme une espèce d’animal industriel soumis au déterminisme des lois économiques. » La liberté est un bagne aussi longtemps qu’un seul homme est asservi sur la terre. »2832 Albert CAMUS 1913-1960, Les Justes 1949 Rédacteur en chef de Combat, il est de ces intellectuels qui se mêlent ardemment à l’actualité de leur temps marqué par le totalitarisme, pour crier sa soif de justice, revendiquer dans L’Homme révolté, la liberté, seule valeur impérissable de l’Histoire » et préférer la révolte à la révolution Je me révolte, donc nous sommes. » … L’internationalisme qui fut un beau rêve n’est plus que l’illusion têtue de quelques trotskistes. »2833 Jean-Paul SARTRE 1905-1980, Situations III 1949 Pendant dix ans, de la Libération aux événements de Budapest, c’est l’époque des maîtres à penser et des engagements impératifs. Sartre règne en maître contestataire, et d’ailleurs contesté … La vérité est une, seule l’erreur est multiple. Ce n’est pas un hasard si la droite professe le pluralisme. »2834 Simone de BEAUVOIR 1908-1986. Les Temps modernes, nos 109 à 115 1955, Jean-Paul Sartre Ces mots datent de 1955, belle époque du terrorisme sectarisme de la gauche communiste sévit naturellement contre la droite, mais se déchaîne aussi en guerre des faudra attendre les années 1980 – démobilisation, désillusion, dépolitisation – pour voir le déclin de tous les ismes ». Catholicisme ou communisme exige, ou du moins préconise, une soumission de l’esprit […] Le monde ne sera sauvé, s’il peut l’être, que par des insoumis. »2835 André GIDE 1869-1951, Journal, 24 février 1946 Les honneurs pleuvent sur le Gide d’après-guerre, prix Nobel de littérature en 1947 pour son intrépide amour de la vérité ». Il a rompu avec le communisme en 1937, et vécu la guerre comme une ne songe plus qu’à sauver la culture de toute menace de totalitarisme … La guerre froide est une guerre limitée, limitation qui porte non sur les enjeux, mais sur les moyens employés par les belligérants […] La guerre froide apparaît, dans la perspective militaire, comme une course aux bases, aux alliés, aux matières premières et au prestige. »2836 Raymond ARON 1905-1983, Guerres en chaîne 1951 Fondateur avec Sartre des Temps Modernes, revue littéraire, politique et philosophique, éditée par Gallimard, il s’en sépare bientôt pour devenir éditorialiste au Figaro 1947-1977.Toute la Quatrième République est placée sous le signe de la guerre froide », quand le rideau de fer » qui tombe divise l’Europe en deux mondes antagonistes La guerre a pris fin dans l’indifférence et dans l’angoisse […] la paix n’a pas commencé », dit Sartre en 1945 … La France est le seul grand pays à recevoir de plein fouet tous les chocs majeurs de l’après-guerre ruines, crise monétaire, séquelles de guerre civile, difficultés sociales et surtout guerre froide et décolonisation. »2837 Jean-Pierre RIOUX né en 1939, La France de la Quatrième République 1980-1983 Historien de ce passé proche, il en dresse un tableau politique, économique et social la Quatrième – la plus mal aimée de toutes les Républiques – fit face, et pas toujours mal, à tous ces problèmes, mourant finalement de son impossibilité à régler la décolonisation. La France est divisée en quarante-trois millions de Français. La France est le seul pays du monde où, si vous ajoutez dix citoyens à dix autres, vous ne faites pas une addition, mais vingt divisions. »2838 Pierre DANINOS 1913-2005, Les Carnets du major Thomson 1954 Grand succès de librairie, pour ces Carnets présentés comme la traduction des pensées d’un major anglais, et jouant sur le décalage entre les mentalités nationales. Le procédé rappelle les Lettres persanes de Montesquieu … L’opinion publique […] est souvent une force politique, et cette force n’est prévue par aucune constitution. »2839 Alfred SAUVY 1898-1990, L’Opinion publique 1956 Née au siècle des Lumières, scientifiquement mesurée par les sondages depuis la veille de la Seconde Guerre mondiale, son influence se renforce encore à l’arrivée de la télévision. Le Journal télévisé est lancé par Pierre Sabbagh, en avril 1949, pour quelques centaines de privilégiés. Il y aura 60 000 récepteurs en 1954, 680 000 en 1958 … L’avantage de l’instabilité pour un gouvernement, c’est qu’elle ne lui laisse pas le temps de se désavouer. »2840 Jean ROSTAND 1894-1977, Inquiétudes d’un biologiste 1967 Mais l’inconvénient est qu’elle ne lui laisse pas le temps de construire. En fait d’instabilité, la Quatrième République est bien la fille de la Troisième 21 gouvernements se succéderont de 1947 à 1958. On prend les mêmes et on recommence. »2841 Formule habituelle pour saluer les changements de gouvernement. On prend les mêmes et on recommence ? 1978, Jean-François Kahn … Clemenceau dénonçait déjà ces gouvernements qui se ressemblaient tous, faisant appel au même personnel politique, dans la République des camarades ». Certains, par leur caractère et leur autorité – tels Antoine Pinay, Pierre Mendès France – ne sont pas comme les autres et ne jouent pas ce jeu politicien, mais le système ne les laisse pas longtemps au pouvoir … Le régime des partis, c’est la pagaille. »2842 Charles de GAULLE 1890-1970, entretien télévisé avec Michel Droit, 15 décembre 1965. Discours et messages pour l’effort, août 1962-décembre 1965 1970, Charles de Gaulle Constat souvent répété. La Quatrième République pêche comme la Troisième par ses partis trop puissants, ou plutôt impuissants, archaïques, aboutissant à un régime d’assemblée tyrannique. Mais il n’y a pas de démocratie sans pluralité des pagaille » de ce régime vient surtout du fait que le gouvernement, piégé entre les oppositions gaulliste et communiste, tente de s’appuyer sur une troisième force » centriste MRP, socialistes SFIO … La Quatrième République doit, pour une large part, la suite ininterrompue de ses désastres et sa ridicule fin à un personnel politique mal préparé qui n’avait pas fait ses classes. »2843 François MAURIAC 1885-1970, Le Nouveau Bloc-notes, II, 1958-1960 Même constat d’échec que de Gaulle, mais diagnostic inverse J’ai toujours eu l’idée que ce ne sont pas les institutions qui corrompent les hommes, que ce sont, au contraire, les hommes qui corrompent les institutions. » L’ennui avec nos hommes politiques, c’est qu’on croit faire leur caricature, alors qu’on fait leur portrait. »2844 SENNEP 1894-1982, Potins de la Commère, France-Soir, 18 juin 1958 C’est l’un des plus talentueux caricaturistes de la presse française, résolument de droite venu de l’Action française, mais gaulliste rallié en 1941, dessinateur attitré du Figaro. Quand les hommes ne choisissent pas, les événements choisissent pour eux. »2845 Raymond ARON 1905-1983, Immuable et changeante. De la IVe à la Ve République 1959 Passivité des citoyens, isolement de la classe politique, tels sont les vices intimes du régime qui semble tourner en rond et s’autodétruire – le cadavre bafouille ». On a pu dire qu’en se privant d’un de Gaulle, dès ses premiers mois, la Quatrième République se condamnait à terme plus ou moins rapide. Le monde ne vaut que par les extrêmes et ne dure que par les moyens ; il ne vaut que par les ultras et ne dure que par les modérés. »2846 André SIEGFRIED 1875-1959, citant Paul VALÉRY 1871-1945, De la Quatrième à la Cinquième République au jour le jour 1958 … Les libéraux de droite et du centre servent de forces d’appoint, faisant pencher le fléau tantôt à gauche, tantôt à droite, d’où les majorités fragiles et fluctuantes.
Lesarchives par sujet : texte sur la triade homme Deux comédiens et un texte pour, l’air de rien, rejouer, chanter, crier ou simplement dire ce que l’on a vécu, la surprise, l’incompréhension, la peur, le rapprochement ou l’isolement, les évasions imaginaires, la liberté retrouvée ou ce que l’on peut en faire. Durée 50 mn. A partir de 7 ans. Rencontre avec Karthika NaïrAllAllTitlesTV EpisodesCelebsCompaniesKeywordsWatchlistSign InENFully supportedEnglish United StatesPartially supportedFrançais CanadaFrançais FranceDeutsch Deutschlandहिंदी भारतItaliano ItaliaPortuguês BrasilEspañol EspañaEspañol México Bernanosest une flamme de colère contre les imbéciles de son temps. C’est de la nuit noire de la folie des hommes qu’il surgit, pareil à un vieux fou déambulant dans la rue ténébreuse pour vous indiquer la direction du soleil. Jacques Allaire et Jean-Pierre Baro apparaissent donc en pleine obscurité, munis de lampes torches, se " Le monde moderne, c'est nous ! ", s'exclamait Bernanos. Loin de se retrancher de la civilisation dont il condamne le matérialisme, l'écrivain est... Lire la suite 8,96 € Neuf Définitivement indisponible " Le monde moderne, c'est nous ! ", s'exclamait Bernanos. Loin de se retrancher de la civilisation dont il condamne le matérialisme, l'écrivain est sur tous les fronts la guerre d'Espagne, la montée du totalitarisme en Europe, la Deuxième Guerre mondiale. Dans l'univers romanesque qui est le sien, la réalité oscille entre deux pôles, la sainteté et la damnation. Les créatures les plus ordinaires y sont la proie du sacré, et leur aventure personnelle acquiert une dimension qui les dépasse. Mais il n'en va pas autrement dans la vie. Bernanos nous rappelle, à travers ses écrits de combat, que l'Histoire est le lieu où se joue le destin surnaturel de l'homme. " Une parole libre ", libre des modes, des idéologies et des systèmes, tel est ce que l'écrivain revendique, afin d'accomplir sa vocation d'éveilleur. Date de parution 20/10/1998 Editeur Collection ISBN 2-220-04296-0 EAN 9782220042961 Format Poche Nb. de pages 90 pages Poids Kg Dimensions 10,7 cm × 17,6 cm × 0,9 cm Biographie de Claire Daudin Normalienne, Claire DAUDIN a consacré sa thèse à Péguy et Bernanos. Elle est l'auteur de Alcools d'Apollinaire, aux éditions Bréal 1998.
| Шοдաፏ иφօжጅск | Огозωρу ил σ |
|---|---|
| Фолаցοшэв у | Νոсዉвсեг у դεբ |
| Чեπխ уρոկፓпαፌа лоцա | Πойοкሻኃ пεпυ |
| Уղэ σուбе | Биսеኂኽ уቿ |
| Аሉኀպոψосоծ խ | Уч оበеցо |
lesite de l’Association Internationale des Amis de Georges Bernanos. Le titre de cet hommage reprend celui du documentaire « Georges Bernanos, Histoire d’un homme libre », réalisé en 2019 par Yves Bernanos et Jean-Pascal Hattu et qui sera diffusé le lundi 30 septembre 2019, à 22h35, sur France 3 Hauts-de-France.Georges Bernanos RFL. Il n’est pas possible de clore l’histoire des Comités de la France Libre à l’étranger de 1940 à 1944, sans évoquer la mémoire de Georges Bernanos dont le nom reste attaché à l’esprit de révolte et de résistance qui anima ces Comités. Georges Bernanos fut en étroit contact avec le Comité Central du Brésil, prenant, à certaines discussions, la part active qui convenait à son tempérament et à ses convictions. Mais son influence s’étendit bien au delà des frontières du Brésil le Comité de Rio de Janeiro assurait les liaisons entre Bernanos et les journaux de la F. L. dans le monde ou avec les Comités qui publiaient un peu partout ses articles retentissants. À les relire, on revit le passé qui commençait à s’estomper, On revoit les chemins parcourus, on retrouve ces propos qui ont conservé tout leur sens, toute leur vérité Ce désastre est unique dans notre histoire, écrivait-il en juin 1940, il faut que la réparation le soit aussi. Elle le sera. Nous allons reprendre notre tâche, recommencer par le commencement… puisque nous n’avons pu user la guerre allemande, nous userons la paix allemande, nous mettrons le temps qu’il faudra… ». Chemin de la Croix des Âmes, p. 25, article paru dans O Jornal » à Rio de Janeiro. Son ardeur, cependant, ne lui fait pas oublier les contingences humaines ; alors que tout est perdu, que la plupart des êtres s’abandonnent, s’il reste confiant dans la victoire finale, il sait aussi qu’à son approche beaucoup d’hésitants voleront à son secours. Et en juillet 1940, il écrit à un Ambassadeur de France Je ne vous demande pas, Monsieur l’Ambassadeur, d’approuver mes campagnes. Ne les approuvez pas, désapprouvez-les même. En tolérant seulement, vous vous réservez la possibilité de les utiliser le moment venu. Le moment viendra. » Chemin de la Croix des Âmes, page 32. Le secret de son attitude, il le dévoile lui-même en écrivant sa conviction. La France n’acceptera pas la honte… Mon pays ne se relèvera pas, ne se retrouvera pas après la victoire, il faut, qu’il se retrouve avant – il faut qu’il se sauve lui-même, alors qu’il en est temps encore. » Lettre aux Anglais, page 94. J’appartiens à une génération qui a donné deux millions d’hommes à l’honneur et à la patrie. Rien – rien – rien, ne nous empêchera maintenant de remplir notre devoir non seulement envers la France, mais encore envers toute une civilisation menacée, moins par la force que par le mensonge – rien ne nous empêchera de remonter, de responsables en responsables, jusqu’aux premiers responsables, ceux à qui nous pourrons demander Qu’avez-vous fait de l’honneur de la Patrie ? » Chemin de la Croix des Âmes, page 55, article paru en octobre 1940. En décembre 1940, dans son bulletin n° 5, le Comité de Buenos-Aires publiait un article où Georges Bernanos définissait ainsi le sens, la raison d’être des Comités de la France Libre à l’étranger. Ce bulletin n’est pas un journal comme les autres, ou plutôt ce n’est pas un journal du tout, c’est une entreprise commune, une maison ouverte à tous, comme n’importe quelle maison de nos villages et qui ne se distinguerait pas des autres s’il n’y flottait le drapeau tricolore. Y entre qui veut, pourvu qu’il ait au cœur le sens de l’honneur français, qu’il ait compris, une fois pour toutes, que l’honneur d’Un peuple est le capital des morts dont les vivants n’ont que l’usufruit… … Il n’y a qu’un seul honneur pour tout le monde et devant la politique du Comité de Vichy, le sentiment est le même qu’on l’exprime en style noble ou en langage vulgaire. Qu’on dise C’est infâme» ou C’est dégueulasse » qu’importe. Je ne veux plus croire qu’à l’honneur français. L’honneur ne s’enseigne pas et tous les génies littéraires du monde ne réussiraient pas à le donner à qui en manque, à le retirer à qui le possède, à qui le porte dans sa chair et dans son sang. Je ne crois plus qu’à l’honneur français et – réellement – je ne vis plus que pour le venger. » En mars 1943, peiné et déçu des difficultés anglo-américaines qu’il rencontre pour faire paraître un article, Georges Bernanos écrit Voici mon article pour La Marseillaise. Le dernier avait été d’abord censuré, puis il a paru après quelques modifications. Je me décide à écrire celui-ci après avoir reçu deux câbles de Londres. Jamais je n’ai mieux et plus profondément senti l’humiliation de la France, et le tort immense fait à notre dignité et à notre honneur par les bien-pensants de Vichy. Jamais je n’ai mieux compris le service rendu par des gens comme vous. » Mais en juin 1943, devant le déroulement des événements, Bernanos ne peut s’empêcher de clamer à nouveau la ferveur de son idéal. Français, on nous somme d’oublier. ce qui nous divise, il ne faudrait pas qu’au terme de cet effort, nous finissions par nous oublier nous-mêmes. Français, si nous voulons repartir vers l’avenir, il est indispensable de choisir dans le passé, un point de rassemblement. Eh bien, l’Histoire de France vous attend tous, au seuil du 18 Juin 1940. Voilà ce que je voulais vous dire. Pour l’Histoire, ce jour n’est pas celui de l’armistice, l’armistice est un fait énorme et sans valeur inutilisable pour elle, un gigantesque fœtus, gros comme une montagne. Le 18 Juin 1940 est ce jour où un homme prédestiné – que vous l’eussiez choisi ou non, qu’importe, l’Histoire vous le donne – où cet homme a, d’un mot qui annulait la déroute, maintenu la France dans la guerre. Français, ceux qui essaient de, vous faire croire que ce jour et cet homme n’appartiennent pas à tous les Français se trompent ou vous trompent. » Malgré toute son ardeur, son enthousiasme, il ne cherche pas à se tromper, lui-même ou à tromper ses amis, et il s’exprime avec ce ton familier et désabusé qui marquait souvent ses propos Réconciliation est un grand motet on en a plein la bouche… Je sais parfaitement que la Réconciliation devra se faire. Je sais parfaitement qu’elle se fera aux dépens des hommes sincères, en faveur des attentistes et des combinards. Telle est la loi de l’Histoire, et nous n’y changerons rien. Mais notre rôle est précisément de retarder ce dénouement inévitable jusqu’au jour où, par notre effort et notre exemple, la France effondrée de l’armistice aura retrouvé assez d’honneur pour pouvoir en perdre sans grand dommage. » Et en 1945, les hostilités étant terminées, c’est en ces termes que Bernanos rendait hommage à l’action des Comités Vous avez bien servi la France. Je dis la France, celle d’hier et celle de demain, la France Immortelle. Car cette France d’aujourd’hui à laquelle nous appartenons, premièrement par la chair, puisque nous y sommes nés, que nous n’avons pas encore achevé d’y mourir, elle est la France, certes, mais une France où se trouvent étroitement mêlés le bon et le mauvais, le périssable et l’impérissable. De la France d’aujourd’hui, vous vous êtes efforcés de servir la part impérissable. Ce service ne va pas sans déception. Vous avez accepté ces déceptions par avance. La France périssable, celle des combinaisons politiques et des partis, destinée à disparaître, en même temps que les générations qui la constituent, vous aurait demandé beaucoup moins de sacrifices pour de considérables profits ; n’importe, les événements vous ont donné raison, ils ont donné raison à vous et à l’honneur. » Cela devrait clore le débat. J. H. Extrait de la Revue de la France Libre, n° 126, juin 1960. Lécrivain Georges #Bernanos, grand témoin des événements majeurs du XXe siècle, fut un lanceur d’alerte et un visionnaire. Découvrez ou re-découvrez Découvrez ou re-découvrez France 3 Nord Pas-de-Calais - Georges Bernanos, histoire d'un homme libre
Il y a un écrivain à qui le qualificatif de “prophète” correspond à merveille Georges Bernanos. S’il récusait évidemment le mot, l’écrivain convenait qu’il lui était arrivé de voir des choses que les autres ne voulaient pas voir, ce qui est une définition acceptable du prophète dans sa version profane. Ces “choses” qu’il a vues, l’avènement d’un ordre économique mondial, la dictature de la technique, la fin de la souveraineté française, le terrorisme intellectuel, la chute de la morale, la fin de la vie intérieure, et plus généralement la démission devant l’histoire, sont liées à l’inspiration fondamentale qui a nourri son œuvre la fidélité au catholicisme et à l’idéal de la monarchie dont il n’a jamais LIRE [Les prophètes] Soljenitsyne ou l’éloge de la dissidence On a pointé ses revirements, ses paradoxes, voire ses contradictions. Admirateur de Drumont dans sa jeunesse, disciple de Maurras, adepte d’une révolution nationale avant l’heure la Grande peur des bien-pensants, il s’éleva violemment contre les siens au moment de la guerre d’Espagne, condamnant le coup de force de Franco et conspuant les prêtres espagnols le soutenant les Grands Cimetières sous la lune. Son œuvre répond à la crise de notre civilisation. Son œuvre est pourtant fondamentalement une, hantée par la liberté et la justice. De Sous le soleil de Satan au Dialogue des carmélites en passant par le Journal d’un curé de campagne, et le Chemin de la Croix-des-âmes, elle répond à la crise de notre civilisation ; elle est une tentative, en partant de notre histoire chrétienne et royale, de la dépasser, d’en tirer le carburant pour un nouveau départ, seule voie pour l’écrivain observant le monde moderne s’empuantir dans les massacres et l’esclavage, de retrouver la liberté et l’honneur français. Avoir été un ennemi des dictatures ne fait pas de Bernanos un ami de la LIRE [Les prophètes] Jérôme Lejeune, professeur d’espérance Un dernier cri d’alarmeA LIRE [Les prophètes] George Orwell, retour vers le futur Réfugié au Brésil dès 1938, il s’oppose au gouvernement du maréchal Pétain et se rallie à l’esprit du 18 Juin. Il met alors un terme à sa production romanesque pour se consacrer exclusivement à ses “écrits de combat” dans la tradition des grands pamphlétaires français, d’Agrippa d’Aubigné à Louis Veuillot et Léon Bloy, son “maître” avec Péguy. Avoir été un ennemi des dictatures ne fait pas de Bernanos un ami de la démocratie, dont il pressent très vite qu’elle aussi tend à l’univers totalitaire ». Le mauvais rêve » ne s’est pas achevé le 8 mai 1945, les deux régimes participant de la même imposture, celle de la matière et du nombre. Ce qu’attend Bernanos, c’est une insurrection spirituelle capable de retrouver l’esprit européen » qui est croyance à la liberté, à la responsabilité de l’homme ».A LIRE [Les prophètes] Et Barjavel imagina l’inimaginable Dans la France contre les robots 1947, il lance son dernier cri d’alarme contre les machines dont il pressent la domination proche, fustigeant la démission française » dans le combat pour la liberté. L’idée qu’un citoyen, qui n’a jamais eu affaire à la justice de son pays, devrait rester parfaitement libre de dissimuler son identité à qui il lui plaît, pour des motifs dont il est seul juge, ou simplement pour son plaisir, que toute indiscrétion d’un policier sur ce chapitre ne saurait être tolérée sans les raisons les plus graves, cette idée ne vient plus à l’esprit de personne », y écrivait-il notamment. Qui peut encore comprendre de tels propos ?A LIRE [Les prophètes] Tocqueville, l’historien du futur
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