RĂ©gionde GrĂšce en 8 lettres; RĂ©gion de GrĂšce en 9 lettres; PubliĂ© le 14 mars 2017 14 mars 2017 - Auteur loracle Rechercher. DĂ©finition ou synonyme. Qu'elles peuvent ĂȘtre les solutions possibles ? Exemple: "P ris", "P.ris", "P,ris" ou "P*ris" Rechercher. Qu'elles peuvent ĂȘtre les solutions possibles ? Rechercher Il y a 1 les rĂ©sultats correspondant Ă  votre recherche .
Introduction 2 AprĂšs une guerre d’IndĂ©pendance contre les Ottomans, la GrĂšce fut reconnue par les Grandes Puissanc ... 1La formation de la conscience, de l’histoire et de l’identitĂ© nationale grecque moderne remonte au XVIIIe et surtout au XIXe siĂšcle Koubourlis, 2005 ; Herzfeld, 1986. Elle est donc antĂ©rieure Ă  la crĂ©ation de l’État Grec, en 18302. Une fois la libĂ©ration culturelle et politique atteinte, les Grecs n’ont fait qu’exalter l’AntiquitĂ© et leur glorieux passĂ© qui lĂ©gitimait leur existence en tant qu’État-nation. En mĂȘme temps, d’un comportement rĂ©servĂ© envers l’Europe, ils sont passĂ©s Ă  l’admiration de l’Occident. Ce processus d’adulation du passĂ© et de dĂ©sir de modernisation mis en marche depuis le XVIIIe siĂšcle Toynbee, 1981 est connectĂ© Ă  la question de la continuitĂ© de la GrĂšce antique Ă  travers la GrĂšce moderne. Le sujet de la continuitĂ© acquiert ainsi un caractĂšre a fortiori politique puisqu’elle a servi d’argument pour la constitution d’un nouvel État Herzfeld, 1986. Le patrimoine antique et byzantin, l’imaginaire, le symbole et le dĂ©sir d’une orientation culturelle europĂ©enne ont servi d'arguments importants pour l’existence de la Nation Peckham, 2003. Dans ce contexte de modernisation et d’europĂ©anisation, AthĂšnes, capitale depuis 1834, acquiert des infrastructures et des institutions culturelles et patrimoniales afin de forger son image prestigieuse. 2Ainsi, depuis un siĂšcle et demi, État et citoyens ont essayĂ© soit de renouer avec l’AntiquitĂ© et la tradition, soit d’échapper Ă  cette tendance Ă  se rĂ©fĂ©rer au passĂ©. L’effort de l’État pour affirmer son existence, ses symboles et son patrimoine est indĂ©niable. L’appui de l’Etat aux artistes et aux expositions n’est pas propre Ă  la GrĂšce, comme le montre le cas des États-Unis Crane, 1987 7. De mĂȘme, la constitution d’un milieu artistique qui soutient la crĂ©ation contemporaine est liĂ©e Ă  des facteurs historiques, politiques, sociaux et artistiques. Les classes sociales de la sociĂ©tĂ© grecque moderne et contemporaine ont jouĂ© un rĂŽle majeur dans la crĂ©ation d’un monde de l’art grec, et la bourgeoisie tient les rĂȘnes dans cette formation. La contribution Ă  l’affirmation d’une identitĂ© nationale Ă  travers la mise en valeur de l’histoire locale et son apport Ă  la culture et Ă  l’histoire nationale reste un sujet riche qui a Ă©tĂ© Ă©tudiĂ© par nombre de chercheurs Couderc, 2008 ; Voutsaki, 2003. À l’inverse, ce qui fut moins Ă©tudiĂ© est le processus de crĂ©ations de musĂ©es d’art contemporain. Qui sont les individus Ă  l’origine de leur crĂ©ation ? Quels sont les objectifs recherchĂ©s par la crĂ©ation des musĂ©es d’art contemporain ? Nous aborderons ces questions dans une Ă©tude des efforts faits par des individus, des sociĂ©tĂ©s savantes, des artistes et des instances politiques pour crĂ©er des musĂ©es d’art contemporain, et notamment en province. La pĂ©riode Ă©tudiĂ©e est celle qui succĂšde Ă  la Seconde Guerre mondiale, et en particulier les annĂ©es soixante qui furent significatives pour la crĂ©ation des musĂ©es d’art contemporain en GrĂšce. 1. Politiques officielles et rĂŽles des musĂ©es d’art contemporain en GrĂšce 3Le patrimoine, la crĂ©ation artistique et le dĂ©veloppement du pays sont protĂ©gĂ©s par la politique officielle contemporaine dans le cadre des objectifs suivants protection du patrimoine national antique et byzantin, renforcement de la crĂ©ation contemporaine, effort pour la diminution des dĂ©sĂ©quilibres rĂ©gionaux et dĂ©veloppement touristique du pays. Ces objectifs, en liaison avec un discours ethnocentrique de l’État Hamilakis et Yalouri, 1996 ; Brown et Hamilakis, 2003 ; Zacharia, 2008, constituent le cadre de l’histoire des musĂ©es d’art contemporain en GrĂšce. 4Dans ce contexte, le dĂ©fi qu’un musĂ©e d’art, et plus encore un musĂ©e d’art contemporain, doit affronter est celui de la patrimonialisation de ses objets. Par le biais de la collection d’Ɠuvres d’art contemporain exposĂ©e, le musĂ©e contribue Ă  la reconnaissance de l’évolution culturelle de la sociĂ©tĂ© et du marchĂ© de l’art. Le musĂ©e est de plus un appui Ă  l’enseignement de l’école publique puisqu’il sert principalement de lieu d’éducation esthĂ©tique Kakourou-Chroni, 2006. Le musĂ©e Ă©tait au XIXe siĂšcle une institution de prestige et c’est selon cette approche que sont créés les premiers musĂ©es d’art. Or, le musĂ©e devient progressivement au XXe un signe de dĂ©veloppement financier et culturel d’une ville et/ou d’une rĂ©gion, d’oĂč les amĂ©nagements urbanistiques rĂ©alisĂ©s pour moderniser l’image urbaine, comme le montre le cas du musĂ©e de la ville de Larissa, fondĂ© dans les annĂ©es 1980 suite Ă  une donation du chirurgien Georges Katsigras, un amateur d’art originaire de cette ville, et installĂ© en 2003 dans un nouveau bĂątiment dĂ©diĂ© Ă  la fonction musĂ©ale figure 1. À la fin du XXe siĂšcle, le musĂ©e, tant archĂ©ologique que des beaux arts, est un signe urbanistique de dĂ©veloppement, notamment quand il est intĂ©grĂ© dans une vaste zone d’amĂ©nagement ou quand il est question de crĂ©ation de quartiers musĂ©aux. Le musĂ©e G. I. Katsigras a fait l’objet d’un tel projet, qui n’est pas pour autant devenu rĂ©alitĂ©. Figure 1 PinacothĂšque de Larissa – MusĂ©e G. I. Katsigras. Source Photographies de C. Ntaflou du 5Le musĂ©e contribue au maintien des mythes constitutifs de la nation, donc Ă  sa cohĂ©sion. Ceci devient manifeste lors des festivitĂ©s de commĂ©moration et plus encore lors des inaugurations officielles de ces musĂ©es, oĂč participent presque toujours les instances politiques, religieuses et civiles, nationales ou locales selon l’importance qui lui est attribuĂ©e figure 2. Ainsi, en 1961, la pinacothĂšque de Ioannina fut inaugurĂ©e par le roi en prĂ©sence de tous les pouvoirs locaux, Ă©vĂȘque compris. En 2000, quand elle a ouvert de nouveau ses portes dans un nouveau bĂątiment, le prĂ©sident de la RĂ©publique Costis Stephanopoulos en a fait l’inauguration, le 13 janvier, date commĂ©morative de l’annexion de la rĂ©gion au pays en 1913. Figure 2 Inauguration officielle et bĂ©nĂ©diction de la pinacothĂšque de Ioannina en 1961, par le roi Pavlos a et son Ă©pouse FrĂ©dĂ©rique b, en prĂ©sence de leurs trois enfants, des instances politiques, du clergĂ© et des gens de lettres c. Vue de certaines Ɠuvres d Source InstantanĂ©s d’aprĂšs une courte vidĂ©o appartenant aux collections des Archives Audiovisuelles Nationales EOA, au n° d’inventaire D 1078. 6Ce signe matĂ©riel qu’est le musĂ©e dans la ville fonctionne comme un argument – autant que comme preuve – du dĂ©veloppement du lieu en question et plus encore, du dĂ©veloppement grĂące Ă  la dĂ©centralisation et Ă  la valorisation touristique qui participent aux dĂ©bats sur l’évolution de la GrĂšce aprĂšs la Seconde Guerre mondiale. Or, bien avant d’arriver Ă  ces discussions des derniĂšres trente annĂ©es, la situation Ă  laquelle les villes grecques ont dĂ» faire face est Ă©loignĂ©e de sujets liĂ©s Ă  la dĂ©centralisation et au dĂ©veloppement du tourisme culturel. La majoritĂ© des villes annexĂ©es Ă  l’État Grec Ă  la fin du XIXe et au dĂ©but du XXe siĂšcle ont d’abord expĂ©rimentĂ© des changements dĂ©cisifs dans leur tissu urbain, leur urbanisme et leur architecture Dimoglou, 2008 ; Loukakis, 1997. Par ailleurs, des villes qui ont vĂ©cu pendant des siĂšcles sous un climat multiculturel, telle Thessalonique, changent complĂštement leur caractĂšre dans un effort, rĂ©ussi dans le long terme, d’hellĂ©nisation de leur population ethniquement mixte et de leur visage urbain. 3 La premiĂšre rencontre entre des reprĂ©sentants des artistes ‒ le peintre DĂ©mos Dimas, le graveur Eut ... 7AprĂšs la Seconde Guerre mondiale, l’État grec s’est tournĂ© vers la reconstruction et le dĂ©veloppement Ă©conomique, urbain et touristique. Il ne s’est pas montrĂ© trĂšs actif dans la mise en place d’organismes et d’une lĂ©gislation pour la culture, hormis Ă  AthĂšnes et dans une moindre mesure Ă  Thessalonique Konsola, 1999. Pourtant, le domaine du patrimoine archĂ©ologique fut protĂ©gĂ© par la politique officielle en 1960, la responsabilitĂ© du patrimoine antique a Ă©tĂ© attribuĂ©e au premier ministre dĂ©nommĂ© ministĂšre de la prĂ©sidence ». Cette reconnaissance ministĂ©rielle renforce ainsi le statut professionnel des archĂ©ologues Karouzos, 1995. Bien que des artistes aient soutenu, aprĂšs la guerre mondiale 1940-1945 et civile 1944-1949, la crĂ©ation des musĂ©es d’art contemporain dans chaque dĂšme circonscription administrative de base du pays, cette idĂ©e n’a pas Ă©tĂ© rĂ©alisĂ©e. Les propositions en faveur de la culture et des arts contemporains faites par les artistes n’ont pas eu de retombĂ©es directes sur la politique culturelle officielle3. À cette Ă©poque, les arts plastiques se trouvaient sous la responsabilitĂ© du ministĂšre de l’éducation nationale et des cultes qui gĂ©rait la Direction des beaux-arts et du théùtre. Un ministĂšre de la culture qui regroupait la gestion du patrimoine et de la culture moderne et contemporaine n’a Ă©tĂ© créé qu’en 1971. La politique culturelle et musĂ©ale privilĂ©giant le patrimoine ancien, ainsi que le manque de financement public font que ce sont les individus artistes, galeristes,critiques et les collectivitĂ©s qui ont lancĂ© les actions dans le domaine de la culture et, notamment, dans celui des arts plastiques. 8En termes de gĂ©ographie du dĂ©veloppement, les inĂ©galitĂ©s entre AthĂšnes et la province se sont accrues aprĂšs 1945 et ont Ă©tĂ© particuliĂšrement manifestes, donc contestĂ©es, Ă  partir des annĂ©es 1970. La capitale a assumĂ© le poids de la reconstruction du prestige national, mais les fruits de cet effort n’ont rĂ©pondu que partiellement au besoin de rattraper intellectuellement et artistiquement le reste du monde Burgel, 2002. Le but de l’État n’était pas tant de soutenir la crĂ©ation contemporaine que de renforcer son image nationale en tant que pays riche en antiquitĂ©s et en patrimoine historique. Ainsi des efforts coordonnĂ©s pour la construction des musĂ©es archĂ©ologiques en province datent de 1950. Les musĂ©es dĂ©diĂ©s Ă  l’époque byzantine voient Ă©galement le jour, notamment aprĂšs 1960 Voudouri, 2003. De ce fait et compte tenu que la GrĂšce fut depuis toujours un Ă©tat centralisĂ©, le dynamisme de l’auto-administration – locale et rĂ©gionale – de la vie artistique et culturelle contient un substrat plutĂŽt politique Kontogeorgis, 2003. 9Les revendications culturelles sont souvent le fait de citoyens, notamment des classes sociales moyennes et Ă©levĂ©es d’aprĂšs-guerre. Les soucis identitaires sont liĂ©s au sens des lieux, Ă  la façon dont ils sont perçus et aux relations que les citoyens entretiennent avec leur ville. C’est dans un climat de mutations diverses que les historiens d’art, les artistes, les esprits plus ouverts du pays ont senti que si l’État ne prenait pas en charge la promotion de l’art grec contemporain en Occident, celui-ci n’existerait pas sur le plan international. Ainsi, des collectionneurs dĂ©cidĂšrent d’ouvrir leurs collections d’art moderne et contemporain au public Ă  dĂ©faut d’institutions publiques dans le paysage musĂ©al grec, et cela notamment aprĂšs 1980 PolĂšre, 1999 la donation en 1981 de 700 tableaux par le collectionneur et mĂ©decin Georges I. Katsigras 1914-1998 Ă  la municipalitĂ© de Larissa, en Thessalie, a marquĂ© les esprits. Les arts plastiques se sont fait par ailleurs une place dans des galeries, dont le nombre s’est accru, en particulier Ă  AthĂšnes Skaltsa, Ioannou et al., 1989. ParallĂšlement, les expositions d’art grec moderne et contemporain se sont multipliĂ©es, notamment Ă  l’étranger. Souvent, des Grecs de la diaspora ont pris l’initiative d’organiser ces expositions, avec les artistes grecs, surtout les artistes connus au niveau international et considĂ©rĂ©s comme les plus reprĂ©sentatifs, comme le montre l’exposition Peintres et sculpteurs Grecs de Paris rĂ©alisĂ©e au musĂ©e d’art moderne de la ville de Paris en 1962 et l’exposition Eight artists, eight attitudes, eight Greeks rĂ©alisĂ©e Ă  l’Institute of contemporary arts de Londres en 1975. 4 La SociĂ©tĂ© de Critiques Grecs fut fondĂ©e en 1966. 10Dans l’histoire de la crĂ©ation des musĂ©es d’art contemporain, gĂ©nĂ©ralement appelĂ©s pinacothĂšques en GrĂšce, il est question de dĂ©veloppement culturel et artistique. Il est Ă©galement question d’évolutions sociales liĂ©es aux diverses transitions dans l’immĂ©diat de la Seconde Guerre Mondiale Nitsiakos, 2003. La question de la crĂ©ation de musĂ©es d’art contemporain rĂ©gionaux tourne autour des initiatives des collectivitĂ©s locales et relĂšve de sujets qui touchent autant Ă  la psychologie personnelle et collective des reprĂ©sentations Debarbieux, 2001 qu’à des enjeux Ă©conomiques. Cette histoire des musĂ©es se lie, enfin, Ă  des Ă©volutions dans le monde du travail, Ă  savoir la consĂ©cration de la profession de l’artiste, de l’historien d’art et du critique4. Une autre Ă©volution est Ă  noter au niveau culturel, Ă  savoir l’ouverture de la sociĂ©tĂ© vers les arts plastiques et les musĂ©es. 11La pinacothĂšque devient un organisme public par la donation Ă  une municipalitĂ©. Ainsi le musĂ©e est soutenu par les dĂ©sirs de renouveau des intellectuels attachĂ©s Ă  leur lieu d’origine. Les annĂ©es 1960 prĂ©sentent une pĂ©riode d’élan culturel et artistique créé par des gens de lettres, des artistes, des bourgeois lettrĂ©s et souvent, des gens de gauche. Elle est une dĂ©cennie de changements Ă  plusieurs niveaux et d’expĂ©rimentations dans les arts, tant dans le théùtre, qu’en musique et dans les arts plastiques. Jusqu’en 1967, dĂ©but de la dictature des colonels, les synergies culturelles entre individus, associations et municipalitĂ©s prĂ©parent le terrain pour les Ă©volutions musĂ©ales, culturelles et idĂ©ologiques qui sont Ă©tablies aprĂšs 1975 quand les discussions sur la culture sont soulevĂ©es dans un climat dĂ©mocratique et europĂ©en. Les artistes sont des acteurs-clefs dans la dĂ©fense de la cause musĂ©ale puisqu’ils participent activement et avec enthousiasme Ă  la crĂ©ation de ces musĂ©es, en tant que donateurs originaires, selon l’expression de Jean Davallon 2006. 12Le projet de crĂ©ation en 1960 d’une pinacothĂšque municipale Ă  Ioannina, capitale de la rĂ©gion d’Épire au nord ouest de la GrĂšce, va nous permettre de percevoir les forces qui portent la crĂ©ation d’une nouvelle structure institutionnelle et culturelle Ă  destination des publics grecs. 2. Les artistes, promoteurs de la crĂ©ation des musĂ©es l’exemple de la pinacothĂšque de Ioannina, premier musĂ©e d’art contemporain de province en GrĂšce 13Les donations, de la part d’individus ou de groupes, tiennent une place centrale dans l’histoire de la crĂ©ation des musĂ©es d’arts plastiques lors des diffĂ©rentes Ă©tapes qui ont marquĂ© la transition de la GrĂšce vers un modĂšle occidental et europĂ©en aide amĂ©ricaine du Plan Marshall, dĂ©stabilisation politique, dictature des colonels 1967-1974, rĂ©tablissement de la dĂ©mocratie 1974/1975, entrĂ©e dans l’Union EuropĂ©enne 1981. Pour les premiers musĂ©es archĂ©ologiques du XIXe siĂšcle et la PinacothĂšque nationale, le rĂŽle des donations des particuliers des Ă©vergĂštes, en grec fut dĂ©terminant Kokkou, 1977 ; Voudouri, 2003. L’acte de donation des amateurs-collectionneurs s’inscrit dans une approche thĂ©orique de la construction des modernitĂ©s MatthiĂłpoulos, 2003. Le don – de jadis et d’aujourd’hui – fonctionne surtout comme un acte complĂ©mentaire de l’appareil d’État et de ses institutions. En ce sens, la donation est un acte politique qui engendre certains profits et prĂ©sente des enjeux divers au sein d’une sociĂ©tĂ© Davallon, 2006. 14Étant donnĂ© que les collections privĂ©es, princiĂšres ou autres, Ă©taient inexistantes en GrĂšce, les pinacothĂšques se sont créées suivant trois modes distincts 5 Outre le cas de la pinacothĂšque de Larissa, dĂ©jĂ  citĂ©, celle de Sparte a Ă©tĂ© créée suite Ă  la donat ... Ă  partir de la donation d’une collection d’un notable, de Grecs de la diaspora ou de personnes qui veulent offrir des Ɠuvres d’art Ă  leur lieu d’origine5 ; 6 A l’exemple des PinacothĂšques de Ioannina 1960, de Thessalonique 1966, de Kalamata 1962, de F ... grĂące aux actions menĂ©es par des sociĂ©tĂ©s ou associations culturelles locales, des groupes d’intellectuels et d’artistes, voire une personne assistĂ©e par d’autres6 , Ă  l’exemple de la pinacothĂšque de Rhodes créée en 1964 Ă  l’initiative d’AndrĂ©as Ioannou, Grec de la diaspora vivant aux Etats-Unis et rentrĂ© dans son pays natal ; 7 Par exemple le musĂ©e d’art graphique de T. Katsoulidis Ă  Messinia, musĂ©e monographique dĂ©diĂ© Ă  la ... enfin, en raison de la donation d’un artiste qui offre ses Ɠuvres Ă  la municipalitĂ© dont il est, le plus souvent, originaire7. 15Il existe d’ailleurs une rĂšgle implicite qui veut que les artistes exposant temporairement dans les pinacothĂšques y laissent une de leurs Ɠuvres afin d’enrichir les collections du musĂ©e. Par statut, la majoritĂ© des pinacothĂšques grecques se doivent d’ailleurs de promouvoir l’art grec, et en particulier les artistes locaux. 16Lors de la crĂ©ation d’institutions culturelles dans les villes grecques, l’argument territorial est largement utilisĂ©, mais l’argument de poids – qui constitue une expression identitaire et parfois mĂȘme nationaliste – est gĂ©oculturel Gravari-Barbas, 2005 ; Bailly et Beguin, 2001 le territoire compte parmi les symboles qui aident Ă  structurer les identitĂ©s collectives » Claval, 2003 92. Les pinacothĂšques d’art contemporain, institutions créées pour valoriser les arts plastiques, montrent l’évolution de la sociĂ©tĂ© locale et s’ajoutent aux lieux culturels d’un territoire, enrichissant les capacitĂ©s de ce dernier Ă  produire de nouveaux signes culturels. Un musĂ©e se distingue soit par son architecture traditionnelle, soit par son architecture imposante et moderne, comme le montrent les figures 1 et 3 Gilabert, 2004. De mĂȘme qu’une sculpture dans l’espace public ou une association culturelle sert de point d’accroche identitaire, symbolique et valorisant pour les citoyens, de mĂȘme le musĂ©e d’art contemporain frĂ©quentĂ© par le public peut entraĂźner la production de nouveaux signes culturels. Par ailleurs, les discours d’inauguration officielle permettent de mettre en valeur la ville et de prouver son importance au niveau national. Figure 3 DiversitĂ© architecturale des pinacothĂšques en GrĂšce a BĂątiment de la pinacothĂšque de Ioannina architecture nĂ©oclassique avec des influences locales d’Epire photo du BĂątiment nĂ©oclassique de l’annexe de la pinacothĂšque nationale Ă  Sparte Coumantarios pinacothĂšque photo du BĂątiment d’architecture Ă©clectique et nĂ©oclassique de la pinacothĂšque municipale de Thessalonique la villa Mordoh, situĂ©e dans secteur Est de la ville photo du BĂątiment neuf initialement destinĂ© Ă  la pinacothĂšque municipale de Thessalonique dans le quartier d’Ano Toumba photo du Source Photographies de C. Ntaflou. 8 Directeur de la pinacothĂšque nationale de 1949 Ă  1972, il Ă©tait aussi critique d’art, secrĂ©taire gĂ© ... 17Dans la crĂ©ation de la pinacothĂšque de Ioannina, le premier des musĂ©es d’art contemporain de province fondĂ© en GrĂšce, les bienfaiteurs, les artistes et les amateurs d’art jouent un rĂŽle important. À la fin des annĂ©es 1950, un groupe de personnes originaires – dans leur majoritĂ© – d’Épire forment une association qu’ils nomment les Amis de Ioannina » AdI, un club de lettrĂ©s, souvent des bourgeois et des gens originaires de familles illustres, sis dans la capitale. Parmi les personnalitĂ©s influentes de l’époque, tant dans le domaine des lettres que de la politique locale ou nationale, qui vont jouer un rĂŽle fondamental dans la crĂ©ation du musĂ©e de Ioannina se trouvent Marinos Kalligas 1906-1985, directeur de la PinacothĂšque nationale8 PN, et le peintre Costas Malamos 1913-2007 qui habitait Ă  AthĂšnes mais a tout fait pour aider son lieu d’origine, l’Épire, sa petite patrie. 9 A. Procopiou 1909-1967, historien inspirĂ© du matĂ©rialisme historique, fut le premier Ă  Ă©crire une ... 18DĂšs sa crĂ©ation donc, l’association AdI a dĂ©cidĂ© de fonder une pinacothĂšque Ă  Ioannina PI. Les principaux acteurs de cette institution se mettent d’abord Ă  la recherche d’un toit et oeuvrent Ă  la constitution d’une collection ex nihilo. C. Malamos approche des artistes contemporains afin qu’ils offrent leurs Ɠuvres Ă  l’institution. Il convainc Ă©galement l’archevĂȘque Spyridon d’acheter 150 Ă  170 dessins des guerres balkaniques de Thalia Flora-Karavia pour en faire don Ă  la nouvelle institution. Une collection d’icĂŽnes que la municipalitĂ© d’Ioannina possĂ©dait constitue Ă©galement une base de collection d’art religieux. Vassili PyrssinĂ©las, premier maire de Ioannina depuis son annexion en GrĂšce en 1913, confie Ă  C. Malamos son souhait de donner toute sa collection Ă  la pinacothĂšque de la ville. De son cĂŽtĂ©, Angelos Procopiou, professeur d’histoire de l’art Ă  l’École nationale polytechnique d’AthĂšnes9, utilise les journaux et des Ă©missions radiophoniques pour donner une tribune Ă  la crĂ©ation de la pinacothĂšque de Ioannina. Au fur et Ă  mesure que l’association AdI dĂ©veloppe des actions en faveur de la pinacothĂšque et d’un musĂ©e d’art populaire, d’autres personnalitĂ©s et amateurs d’art se proposent pour donner des Ɠuvres. MĂȘme si l’association rencontre Ă  l’époque des difficultĂ©s financiĂšres, elle pense son action en faveur de la rĂ©gion Ă©pirote et insiste sur le statut municipal de la PI, dĂ©montrant sa foi dans les pouvoirs politiques locaux et son souci des besoins culturels de la communautĂ© rĂ©gionale. 10 La multiplication des fouilles clandestines et la demande croissante des collectionneurs jouĂšrent u ... 19La pinacothĂšque ouvre finalement ses portes le 18 septembre 1960. Cet Ă©vĂ©nement s’accompagne d’une confĂ©rence, organisĂ©e Ă  l’AcadĂ©mie PĂ©dagogique de Zossimas. Costa Malamos y prononce un discours en dĂ©motique, donc dans une langue vernaculaire et non dans la langue officielle utilisĂ©e par l’État et lors des discours publics. Dans ce discours, C. Malamos ne cherche pas Ă  justifier la musĂ©ographie choisie pour l’exposition mais fait l’apologie de l’art grec, moderne et contemporain et des artistes dont le statut social et Ă©conomique demeure problĂ©matique. En effet, Costas Malamos appartient Ă  une gĂ©nĂ©ration qui a vĂ©cu la Seconde Guerre mondiale et la guerre civile durant lesquelles les artistes n’avaient pas toujours de quoi vivre Vyzantios, 1994. MĂȘme si, Ă  l’époque oĂč il se bat pour la crĂ©ation de la pinacothĂšque de Ioannina, il est un artiste reconnu, expose et a un public, mĂȘme s’il est trĂšs au fait de la situation du marchĂ© de l’art Ă  AthĂšnes, il ne vit pas encore de son art et est obligĂ©, pour vivre, d’enseigner les arts plastiques au prestigieux CollĂšge d’AthĂšnes. En dĂ©fendant les artistes et l’art contemporain, C. Malamos agit comme un acteur culturel engagĂ© en faveur de la crĂ©ation artistique contemporaine, et en sollicitant les artistes Ă  donner leurs Ɠuvres, il cherche Ă  crĂ©er une dynamique au sein du marchĂ© de l’art. Dans les annĂ©es d’aprĂšs-guerre, le marchĂ© de l’art, exclusivement athĂ©nien, est inexistant pour la peinture contemporaine MatthiĂłpoulos, 2002. Le systĂšme artistique marchand, l’importance donnĂ©e aprĂšs la guerre Ă  la fondation de musĂ©es archĂ©ologiques ainsi qu’aux fouilles archĂ©ologiques10 et les commandes publiques pour les sculptures ont entrainĂ© une situation dĂ©favorable aux peintres qui avaient pourtant leur public restreint, intellectuel et souvent bourgeois. En raison des conditions difficiles pour les expositions d’art et le marchĂ© artistique, C. Malamos caractĂ©rise son effort de recherche d’Ɠuvres pour la pinacothĂšque de Ioannina comme une croisade. Pour les mĂȘmes raisons, il croit que l’art prendra de la valeur par le biais des musĂ©es d’art contemporain. D’ailleurs, ses appels Ă  la donation envers le monde des artistes ont créé un effet considĂ©rable au sein de l’École supĂ©rieure des beaux-arts d’AthĂšnes, puisque le corps enseignant s’est mobilisĂ© et a donnĂ© des Ɠuvres les sculpteurs Yannis Pappas 1913-2005, Costas DĂ©mĂ©triadĂšs 1881-1943, Antonis Sochos 1888-1975, le peintre et graveur Costas Grammatopoulos 1916-2003, par exemple. Ces appels Ă  donation contribueront au renforcement des activitĂ©s culturelles qui soutiennent l’éducation et la culture de l’esthĂ©tique. 20Dans ce discours de 1960, C. Malamos souligne aussi l’importance de la ville de Ioannina, qui est la premiĂšre ville de province Ă  acquĂ©rir un musĂ©e d’arts plastiques. Elle n’est pas une institution consacrĂ©e Ă  l’art en gĂ©nĂ©ral mais Ă  l’art grec contemporain, c’est-Ă -dire aux artistes. C’est pour cette raison que la PI, aux yeux de Malamos et d’autres membres du monde de l’art, n’est pas juste un premier musĂ©e d’arts plastiques en province, mais une preuve que l’art vivant existe en GrĂšce, dans tout le pays. Elle est la preuve que les villes de province autant que les artistes revendiquent une vie culturelle et un Ă©quilibre du marchĂ© de l’art entre AthĂšnes et les centres urbains de province. À la mĂȘme Ă©poque pourtant, Marinos Kalligas, directeur de la PinacothĂšque nationale, menait ses propres efforts pour la construction d’un bĂątiment pour le musĂ©e national d’art et les expositions partielles des collections de la pinacothĂšque au palais de Zappeio Ă  AthĂšnes. A Thessalonique, les amateurs d’art Ă©taient aussi quasi inexistants Skaltsa, 1986, ce qui ne permettait pas aux nombreux artistes de l’aprĂšs-guerre de vivre de leur art PolĂšre, 2008. Or, dans cette ville de Thessalonique aussi, les artistes, intellectuels et associations culturelles ont pris en charge le mouvement artistique et la crĂ©ation des musĂ©es et autres lieux dĂ©diĂ©s Ă  l’art. DerriĂšre la fondation de la pinacothĂšque de Ioannina et d’autres villes, nous sentons donc les diffĂ©rentes forces de crĂ©ation » Ă  l’oeuvre pour fonder une institution destinĂ©e, notamment, Ă  la peinture les conditions Ă©conomiques et sociales, le besoin de communication entre artistes et publics et le sens d’émulation entre villes au niveau culturel. 21L’apport des artistes dans l’aventure de la crĂ©ation de la premiĂšre pinacothĂšque de province est ainsi marquant. En 1969, date de la concession de la collection Ă  l’État, on compte 50 donateurs/artistes et 9 donateurs/collectionneurs. En donnant des oeuvres Ă  la nouvelle pinacothĂšque de Ioannina, les artistes agissaient aussi pour leur propre avenir, en dĂ©fendant leur rang professionnel et leur statut social Liot, 2004, mĂȘme si dĂšs 1944, la crĂ©ation de la Maison des artistes avait commencĂ© Ă  contribuer Ă  l’établissement du statut professionnel de l’artiste MatthiĂłpoulos, 2005. Par ailleurs, C. Malamos, toujours dans son discours de 1960, remercie deux reprĂ©sentants du monde de l’art et, Ă  travers eux, l’archĂ©ologie, discipline Ă©tablie depuis le XIXe siĂšcle, et l’histoire de l’art, une discipline naissante en GrĂšce. Il remercie donc l’archĂ©ologue S. Dakaris, premier directeur de la PinacothĂšque d’Ioannina, une personnalitĂ© prestigieuse qui donnait de l’importance Ă  la nouvelle institution compte tenu des fouilles qu’il avait menĂ©es Ă  Dodone, enrichissant ainsi l’imaginaire des IoannitĂšs sur leurs origines. C. Malamos remercie Ă©galement l’historien d’art Marinos Kalligas, ami personnel du peintre, dĂ©montrant ainsi que les institutions artistiques avancent souvent par rĂ©seaux personnels, ami qui considĂšre la PinacothĂšque de Ioannina comme une soeur cadette » de la pinacothĂšque nationale dont il est le directeur. 11 TirĂ© d’un discours du prĂ©sident du Conseil Municipal, D. Giotitsas en 1997. Que Mr Giotitsas soit r ... 22Le retentissement de cette inauguration de la PI dans les autres villes de province Thessalonique, Rhodes, KalamĂĄta, Chios est significatif des mouvements de l’époque en faveur la crĂ©ation artistique. L’art contemporain et le musĂ©e sont relativement bien accueillis par la presse et le public. Le rĂ©seau mis en place par l’association AdI afin que la crĂ©ation de la pinacothĂšque soit connue de tous les citoyens grecs, et surtout des artistes, a fonctionnĂ©. Cependant, les difficultĂ©s Ă©conomiques de l’association fondatrice et de la municipalitĂ© de Ioannina ont eu comme rĂ©sultat la donation de la pinacothĂšque et de ses collections Ă  l’État en 1969. Une partie des collections est alors exposĂ©e au musĂ©e archĂ©ologique de la ville de Ioannina. Le sujet d’un bĂątiment qui serait rĂ©servĂ© Ă  la pinacothĂšque est envisagĂ© aprĂšs 1975, et ne sera rĂ©alisĂ© qu’en 2000. Les acteurs qui participent cette fois au projet sont des conseillers municipaux et des maires, toujours avec l’aide active et les conseils de Costa Malamos. Le financement de la rĂ©habilitation du bĂątiment qui accueille aujourd’hui la pinacothĂšque – l’hĂŽtel PyrsinnĂ©las – a Ă©tĂ© principalement pris en charge par la Banque Agricole et des entreprises de la rĂ©gion d’Épire. Les personnes impliquĂ©es dans l’histoire de la pinacothĂšque de Ioannina – et surtout dans les longues dĂ©marches pour la rĂ©ouverture en 2000 – ont toujours agi dans l’idĂ©e que la ville de Ioannina, ville de lettres, d’arts et de lĂ©gendes, mĂ©rite de possĂ©der sa propre pinacothĂšque »11. 3. Le dĂ©veloppement des pinacothĂšques de province en GrĂšce 23Thessalonique, dans les annĂ©es 1960, revendique aussi son identitĂ© culturelle et territoriale. Les projets culturels d’associations telle l’association TĂ©chnĂ©, les constructions d’architecture moderne tel le musĂ©e archĂ©ologique et le palais de la SociĂ©tĂ© d’études macĂ©doniennes, le dynamisme croissant de la municipalitĂ© pour la mise en valeur culturelle de la ville amĂšnent ainsi Ă  la fondation de la pinacothĂšque municipale en 1966. Thessalonique prĂ©sente des similitudes avec le cas de Ioannina car leur rĂ©gion respective, l’Épire et la MacĂ©doine, expĂ©rimente des problĂšmes urbanistiques et Ă©conomiques semblables. Les derniĂšres guerres – mondiale et civile – ont laissĂ© des traces considĂ©rables destructions et dĂ©placements des villages entiers Collard, 1993, sĂ©parations de familles de part et d’autre d’une frontiĂšre, vagues d’immigration, terres Ă  l’abandon, divisions sociales et idĂ©ologiques Tsoucalas, 1984, exode rural vers la capitale de la rĂ©gion. La SociĂ©tĂ© d’études macĂ©doniennes SEM a Ă©tĂ© fondĂ©e en 1939 et fut un modĂšle pour la SociĂ©tĂ© d’études Ă©pirotes, fondĂ©e en 1955. Thessalonique et Ioannina ont ainsi collaborĂ©, dans un climat de formation et de renforcement de l’identitĂ© locale et de la crĂ©ation artistique. Le tissage de liens et de rĂ©seaux culturels est donc dense. Par ailleurs, les instances pour le dĂ©veloppement touristique de ces villes — la politique, l’intelligentsia et l’économie, les trois agents principaux pour la crĂ©ation et le dĂ©veloppement des musĂ©es en GrĂšce — participent aux projets d’ouverture de musĂ©es d’arts plastiques. 24La pinacothĂšque, en tant qu’institution dissĂ©minĂ©e dans toute la GrĂšce depuis 1960, reste en consĂ©quence le lieu par excellence de la formation et de la projection de l’identitĂ© d’une ville, fondĂ©e notamment sur les mythes urbains et nationaux qui l’accompagnent depuis la crĂ©ation de l’État, tels la supĂ©rioritĂ© culturelle grecque, l’importance du passĂ© classique d’AthĂšnes ou de l’évergĂ©tisme donations. Ioannina est souvent considĂ©rĂ©e comme une ville des lettres et des arts car elle a connu un dĂ©veloppement politique considĂ©rable lors de l’époque ottomane et un dĂ©veloppement intellectuel lors de ce qu’on appelle les LumiĂšres grecques XVIIIe-XIXe siĂšcles. En raison de son passĂ©, la ville cherche Ă  acquĂ©rir une place de niveau national Ă  l’époque contemporaine. Son dĂ©veloppement culturel et touristique signifie que la ville continue, d’une certaine maniĂšre, la tradition d’appui Ă  la culture. Elle acquiert ainsi une rĂ©putation nationale, tant pour ses musĂ©es d’arts plastiques, aujourd’hui nombreux, que pour son comportement ouvert envers les arts et les lettres, dont l’habitude des donations est, aux yeux d’un Épirote, la plus significative. 25La ville de Thessalonique fut durant l’époque ottomane un carrefour des cultures et de l’économie. Cherchant une image de son passĂ© qui lui est propre, elle revendique une identitĂ© distincte en lettres et en art. Sa pinacothĂšque municipale, comme ses nombreux musĂ©es contemporains, participent Ă  la mise en valeur de la crĂ©ation artistique de la GrĂšce du nord et d’une scĂšne artistique rĂ©gionale, balkanique et europĂ©enne. La SociĂ©tĂ© d’études macĂ©doniennes, l’association TĂ©chnĂ© fondĂ©e en 1952, la municipalitĂ© et divers autres acteurs culturels tiennent leur part dans ce travail sur l’identitĂ© de cette ville du nord de la GrĂšce. Thessalonique a toujours soutenu les artistes de la ville, de MacĂ©doine et de Thrace, artistes de Thessalonique » que la pinacothĂšque municipale met en valeur par une musĂ©ographie dĂ©diĂ©e au sein de son nouveau bĂątiment d’exposition figure 4. Ainsi, pour cette ville, sa distinction culturelle et artistique se fait aussi en opposition Ă  la crĂ©ation artistique d’AthĂšnes, mĂȘme si durant les premiers efforts d’organisation d’une vie culturelle dans les annĂ©es 1950, AthĂšnes a servi de modĂšle Ă  Thessalonique, notamment Ă  travers les artistes qui y avaient Ă©tĂ© formĂ©s et avaient profitĂ© de la vie culturelle et artistique de la capitale. Figure 4 Collection d’artistes originaires de Thessalonique et de MacĂ©doine exposĂ©s dans le nouveau bĂątiment de la pinacothĂšque de Thessalonique Ă  Ano Toumba Le choix d’Ɠuvres et l’étude musĂ©ographique ont Ă©tĂ© rĂ©alisĂ©s par Nicolas Lorimy et CharĂĄ ThĂ©ophanous. Source Photographies de C. Ntaflou du 26En GrĂšce, la pinacothĂšque fonctionne en gĂ©nĂ©ral comme une source de fiertĂ© pour la sociĂ©tĂ©, les citoyens et notamment la bourgeoisie, puisqu’elle est un signe de modernitĂ©. Elle donne aussi une valeur artistique et une valeur marchande aux crĂ©ations des artistes contemporains il est gĂ©nĂ©ralement admis que la prĂ©sence d’Ɠuvres d’un artiste dans une pinacothĂšque est un facteur de valorisation de l’ensemble de ses Ɠuvres sur le marchĂ© de l’art, surtout si la pinacothĂšque est d’envergure nationale. Inversement, la prĂ©sence d’Ɠuvres d’artistes contemporains dans une pinacothĂšque met en valeur le rĂŽle de l’institution musĂ©ale dans le monde de l’art grec. Aujourd’hui, Ă  travers la programmation d’expositions, la pinacothĂšque prend souvent part aux enjeux contemporains de construction et dĂ©constructions d’identitĂ©s artistiques, par le biais des objets qu’elle expose, tout comme elle sert encore largement d’institution symbolique, identitaire, valorisante et Ă©ducative. 27Ceux qui formaient la vie culturelle et artistique des annĂ©es 1960 Ă©taient des patriotes cosmopolites de la capitale, de la petite patrie, du monde, qui agissaient selon leurs idĂ©aux et les tendances culturelles de leur Ă©poque. Le mouvement artistique de la GrĂšce d’alors passait par la capitale. Le collectionneur-amateur et donateur de la ville de Larissa, Georges I. Katsigras, achetait ses tableaux auprĂšs des commerçants d’AthĂšnes dans les annĂ©es 1950-1960. Les galeries créées Ă  AthĂšnes organisaient des expositions dans des Ăźles ‒ par exemple Ă  Hydra ‒ pour des raisons de prestige et d’attraction touristique. L’essentiel, pourtant, passait par AthĂšnes, ce qui changea progressivement Ă  partir des annĂ©es 1980. Cette dĂ©cennie marquera l’ouverture autant des musĂ©es d’art municipaux que de musĂ©es privĂ©s, ce qui se traduira dans les annĂ©es 1990 par une multiplication des lieux publics d’exposition et un dĂ©veloppement significatif du monde de l’art de GrĂšce. Conclusion 28La fondation de musĂ©es d’art contemporain dans les villes de province en GrĂšce a contribuĂ© Ă  donner Ă  chacune d’entre elles une importance dans la hiĂ©rarchie urbaine et une identitĂ© culturelle propre. C’est dans un cadre d’attachement Ă  la fois au passĂ© Ă©loignĂ© et au passĂ© rĂ©cent que le monde des arts et des lettres – des patriotes aussi – dĂ©cide de crĂ©er des musĂ©es oĂč l’art contemporain sera exposĂ©. Cette volontĂ© de crĂ©er des musĂ©es d’art contemporain est liĂ©e aux Ă©volutions que les artistes souhaitaient dans leur art et dans leur statut social, quitte Ă  ĂȘtre initiateurs de plusieurs de ces musĂ©es. Le dĂ©sir des villes d’appuyer leur renouveau se sent Ă©galement dans les crĂ©ations d’institutions qui exposent essentiellement de l’art grec, moderne et contemporain. 29La crĂ©ation des premiĂšres pinacothĂšques de province est aussi une consĂ©quence de l’aide financiĂšre que les Etats-Unis ont apportĂ© Ă  la GrĂšce en vue d’éviter l’expansion communiste dans cette zone du monde. Les gouvernements amĂ©ricains ont soutenu des expositions artistiques Ă  AthĂšnes ou les voyages aux États-Unis d’artistes grecs et de professeurs d’histoire de l’art. Sous une autre forme d’intervention, la fondation Ford a offert des bourses Ă  des artistes et a soutenu des manifestations artistiques d’avant-garde dans les annĂ©es 1960. Le besoin de dĂ©veloppement touristique, qui allait de pair avec l’extension Ă  toute la GrĂšce des constructions publiques d’hĂŽtels, accompagne aussi les efforts de crĂ©ation de pinacothĂšques en province. La nĂ©cessitĂ© du changement s’explique Ă©galement par les conditions socio-Ă©conomiques taux d’immigration Ă©levĂ© et les besoins de la classe bourgeoise Ă  s’attacher aux institutions culturelles europĂ©ennes de leur rang. Les musĂ©es d’art contemporain sont, enfin, liĂ©s au dĂ©veloppement de l’histoire de l’art comme discipline, Ă  la multiplication d’écoles des beaux-arts et au dĂ©veloppement du marchĂ© artistique, et pas simplement Ă  la dĂ©mocratisation de la culture des Ă©lites. Ce besoin se fait fermement sentir dans les annĂ©es 1980, quand les esprits se tournent vers la notion de dĂ©mocratie culturelle, donc de polyphonie culturelle ». 30Dans un pays comme la GrĂšce, riche en antiquitĂ©s archĂ©ologiques et byzantines, la projection identitaire par le biais du patrimoine historique ne manque jamais d’ĂȘtre Ă  l’ordre du jour de la politique officielle Mouliou, 1994. Les arts plastiques ont, quant Ă  eux, Ă©tĂ© plutĂŽt protĂ©gĂ©s et mis en valeur par des individus Mertyri, 2000. Parler des pinacothĂšques, premiers musĂ©es d’arts plastiques ouverts au public en GrĂšce, signifie les Ă©tudier Ă  diffĂ©rentes Ă©chelles, provinciale, rĂ©gionale et nationale. TrĂšs peu de ces musĂ©es, souvent municipaux, ont acquis une importance au niveau europĂ©en et international, car leurs stratĂ©gies de dĂ©veloppement et leur politique de gestion ne leur ont pas donnĂ© l’occasion de mettre en valeur leurs collections. 31Ces musĂ©es sont consacrĂ©s aux arts plastiques, mais ils n’ont pas Ă©tĂ© suffisamment envisagĂ©s comme des institutions propres Ă  promouvoir l’art et l’esthĂ©tique. Le statut municipal des musĂ©es d’art créés dans les annĂ©es 1960-1980 a eu comme consĂ©quence une dĂ©pendance vis-Ă -vis des instances locales et des pouvoirs politiques. Leur action de promotion du caractĂšre culturel local, tant par la formation de collections d’artistes locaux qu’en nĂ©gligeant de fonctionner Ă  une Ă©chelle nationale, par la publicitĂ© ou par des collaborations, ne leur attribue qu’une faible importance dans le dĂ©veloppement du monde de l’art grec. 32Leur multiplication Ă  partir des annĂ©es 1990, ainsi que la fondation de plusieurs musĂ©es privĂ©s, a changĂ© cette situation. Certains de ces musĂ©es ont atteint une audience au niveau europĂ©en par le biais de quelques collaborations avec des institutions Ă©trangĂšres analogues. Aujourd’hui, en raison de la crise financiĂšre, politique et sociale du dĂ©but du XXIe siĂšcle et de leur dĂ©pendance toujours importante vis-Ă -vis des municipalitĂ©s, ces musĂ©es sont entrĂ©s dans une phase de grande prĂ©caritĂ©.

MĂȘmesi le terme de tyran n'est pas d'origine grecque, la notion de tyrannie apparaĂźt en GrĂšce au viie siĂšcle avant J.-C. Plusieurs centaines de personnages ont Ă©tĂ© qualifiĂ©s de « tyrans » du viie au ier siĂšcle avant notre Ăšre. Beaucoup d'entre eux ne sont pour nous que des noms, mais les quelque quarante tyrans sur lesquels nous

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lebon coin 44 immobilier location cite de la grÚce antique mots fléchés 7 lettres LesdÚmes sont délimités en blanc. Les dÚmes 1 et les communautés 2 sont le premier niveau de collectivités territoriales existant en GrÚce. Depuis la fin du mois de mai 2010, à la suite de la réforme Kallikratis, on compte 325 dÚmes, les communautés ayant disparu (par fusion ou par transformation en dÚme).

ï»żLauteur Ă©tudie dans cette contribution les fondements idĂ©ologiques de l’organisation du territoire en GrĂšce aprĂšs la fondation de l’État indĂ©pendant en 1832. La crĂ©ation des circonscriptions (dĂ©partements, arrondissements, communes), la dĂ©finition de leur taille, la sĂ©lection des Ă©lites locales, le choix des chefs-lieux et leur hiĂ©rarchisation, l’hellĂ©nisation de leur

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Ila donnĂ© son nom Ă  la civilisation minoenne (ou crĂ©toise), une civilisation brillante et trĂšs importante dans l’histoire de la GrĂšce. Il se peut que «minos » soit un titre comme «pharaon » en Egypte. Il Ă©tait le fils de Zeus et d’Europe. Pour la sĂ©duire, Zeus s’était transformĂ© en taureau et l’avait emportĂ©e sur son dos.
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